Les bateliers de la Volga
Résumé cyclo-pédalistique (kilomètres parcourus: 4594 km rajouter les
kilomètres de la croisière ; kilomètres
pédalés: 2047 km; collecte pour
Handichiens: 465 €, soit une oreille
du chien, un peu plus grande!) :
30/06 à 5/07:….. Saint Petersbourg à Moscou par la Volga
Aller
de notre squat au port fluvial est assez simple. Notre Raspoutine français, "in"digne
représentant de la culture française, ministre de la culture es-qualité de
Biélorussie, nous montre le chemin de la culture "Francorusse" en vantant des
installations de cuisine ! La culture, à son sens, est donc une affaire de
cuisine !
!!!accueillis par "in"digne représentant de la « culture » FRANCORUSSE!!! |
En cours de route nous croisons un rassemblement de cyclo-randonneurs sans sacoche.
Il est arrivé le moment tant attendu, celui où nous embarquons pour 7 jours, sur un bateau entre Saint Petersbourg et Moscou, en empruntant la Volga, ou plutôt pour être plus précis le Canal Volga Baltique (voir un peu plus loin quelques explications).
Nous avons cherché pendant quelques heures le bureau de l’agence, au n° 195 de la rue … Force est pour nous de constater que le bâtiment initialement sis au n° 195 est … en cours de démolition ! Une fois de plus la gentillesse russe vient à notre rescousse et nous avons vite fait d’être mis en contact téléphonique avec le responsable de l’agence à Moscou, et tout rentre dans l’ordre.
Après
quelques explications, le vélo est embarqué puis remisé sous l’escalier
principal du bateau, sous l’œil amusé, étonné ou sceptique (selon les cas) des
passagers qui embarquent avec nous.
Le personnel du bateau, le Maxim Litvinov, est quant à lui excessivement gentil, et fait tout pour nous aider et nous faciliter les manœuvres dans le couloir étroit entre les cabines. A l’entrée dans notre cabine, nous poussons un grand ouf ! de soulagement, à l’idée de savoir que nous allons pouvoir relâcher toutes les tensions accumulées pendant ces 3 mois d’errance sans domicile fixe. La vue de ce petit univers clos et douillet nous remplit d'enthousiasme et d'un contentement béat.
Le personnel du bateau, le Maxim Litvinov, est quant à lui excessivement gentil, et fait tout pour nous aider et nous faciliter les manœuvres dans le couloir étroit entre les cabines. A l’entrée dans notre cabine, nous poussons un grand ouf ! de soulagement, à l’idée de savoir que nous allons pouvoir relâcher toutes les tensions accumulées pendant ces 3 mois d’errance sans domicile fixe. La vue de ce petit univers clos et douillet nous remplit d'enthousiasme et d'un contentement béat.
Le
pot d’accueil du Capitaine nous donne l’occasion d’avoir un aperçu de visages
« typiquement » russes (si tant est que le type russe existe !).
Il s’est plutôt construit dans notre imaginaire sur des clichés tirés d’Yvan Strogov, ou de Jules Verne. La visite du musée ethnographique de Pétersbourg nous a d’ailleurs montré que ce pays est composé d’une mosaïque de peuples, dont certains ethnologues ont montré la diversité au point d’en dénombrer une trentaine, de l’Est à l’ouest et du Nord au Sud de ce vaste territoire : sibériens (Evenks, Yakoutes, Bouriates, Nenets, Tchoutchs..), centraux-asiatiques (Kasaks, Kirghizes, Turkmen, Tadgiks, Ouzbeks..),caucasiens (Azery, Arméniens, Georgiens, Kurdes, Ossetes…), pour n’en citer que quelques-uns.
A noter que ce musée ethnographique est un exemple du genre, et incontournable pour qui veut voyager en Russie. Ce puzzle ethnographique est un défi lancé à tous les esprits universalistes réducteurs, dans leur quête de l’Homo Slavicus idéal, défi auquel tous les dirigeants de la Russie d’hier et d’aujourd’hui, ont tenté d’apporter des réponses. Ceux de demain devront à leur tour y répondre avec la même conviction. De Pierre le Grand aux dirigeants actuels, cette mosaïque porte probablement en elle, les germes de tous les possibles démocratiques et pousse aux extrêmes l’acceptation de « l’Autre ».
Il s’est plutôt construit dans notre imaginaire sur des clichés tirés d’Yvan Strogov, ou de Jules Verne. La visite du musée ethnographique de Pétersbourg nous a d’ailleurs montré que ce pays est composé d’une mosaïque de peuples, dont certains ethnologues ont montré la diversité au point d’en dénombrer une trentaine, de l’Est à l’ouest et du Nord au Sud de ce vaste territoire : sibériens (Evenks, Yakoutes, Bouriates, Nenets, Tchoutchs..), centraux-asiatiques (Kasaks, Kirghizes, Turkmen, Tadgiks, Ouzbeks..),caucasiens (Azery, Arméniens, Georgiens, Kurdes, Ossetes…), pour n’en citer que quelques-uns.
A noter que ce musée ethnographique est un exemple du genre, et incontournable pour qui veut voyager en Russie. Ce puzzle ethnographique est un défi lancé à tous les esprits universalistes réducteurs, dans leur quête de l’Homo Slavicus idéal, défi auquel tous les dirigeants de la Russie d’hier et d’aujourd’hui, ont tenté d’apporter des réponses. Ceux de demain devront à leur tour y répondre avec la même conviction. De Pierre le Grand aux dirigeants actuels, cette mosaïque porte probablement en elle, les germes de tous les possibles démocratiques et pousse aux extrêmes l’acceptation de « l’Autre ».
Le
Capitaine, après nous avoir offert le pot de bienvenue, nous invite à envisager
le pire des scénarios, en nous conviant à faire un exercice de sauvetage auquel
tout le monde se plie avec bonhomie.
Le radeau de la Méduse |
Quelques
mots sur le système appelé « Volga Baltic Channel » (V.B.C). Ce système très complexe, est lui-même un sous-ensemble
d’un réseau de fleuves russes interconnectés, qui permet une circulation
fluviale continue entre le Golfe de Finlande (Saint Petersbourg) et l’embouchure
de la Volga (dans la mer Caspienne). De plus, il est connecté avec le Don, qui
permet ainsi d’accéder aux eaux libres de la mer d’Azov, puis de la mer Noire.
Il représente un réseau de plus de 8000 kilomètres de voies navigables ouvert à des navires de 200 mètres de long, et 15 mètres de large, soit tous les bateaux jaugeant 5000 Tonneaux ! Pour la partie qui nous concerne, nous empruntons le « V.B.C » sur 1500 kilomètres, entre Saint Petersbourg et Moscou composé de fleuves naturels (Neva, Svir, Kohvza, Sheksna, Volga), de lacs (Ladoga, Onega, Beloye), de réservoirs ou retenues (Rybinsk et Uglich) reliés entre eux par des canaux créés au XXème siècle). La création de ces réservoirs a d’ailleurs englouti plusieurs villages, comme nous en voyons la trace.
Il représente un réseau de plus de 8000 kilomètres de voies navigables ouvert à des navires de 200 mètres de long, et 15 mètres de large, soit tous les bateaux jaugeant 5000 Tonneaux ! Pour la partie qui nous concerne, nous empruntons le « V.B.C » sur 1500 kilomètres, entre Saint Petersbourg et Moscou composé de fleuves naturels (Neva, Svir, Kohvza, Sheksna, Volga), de lacs (Ladoga, Onega, Beloye), de réservoirs ou retenues (Rybinsk et Uglich) reliés entre eux par des canaux créés au XXème siècle). La création de ces réservoirs a d’ailleurs englouti plusieurs villages, comme nous en voyons la trace.
Sur
la plus grande partie du parcours, nous naviguons en pleine nature, au milieu
de marais inhabités et d’immenses lagunes lacustres, frôlant parfois les berges
que l’on pourrait atteindre en tendant le bras mais la plupart du temps au
milieu de ces fleuves d’une largeur tout-à-fait inhabituelle !
La bateau dont la longueur atteint 110 mètres se fraye en silence une voie en zigzagant d’un bief à l’autre, sur un chenal matérialisé par des bouées et de nombreux amers d’alignement que l’on aperçoit au détour de chaque méandre. Avec un peu d’imagination, on pourrait aisément se croire en pleine Amazonie (sans les indiens Tainos !). De surcroît, les couchers de soleil que nous savourons dans le calme depuis le pont avant nous confirment que nous venons de redescendre vers le Sud, et que les nuits blanches sont finies.
La bateau dont la longueur atteint 110 mètres se fraye en silence une voie en zigzagant d’un bief à l’autre, sur un chenal matérialisé par des bouées et de nombreux amers d’alignement que l’on aperçoit au détour de chaque méandre. Avec un peu d’imagination, on pourrait aisément se croire en pleine Amazonie (sans les indiens Tainos !). De surcroît, les couchers de soleil que nous savourons dans le calme depuis le pont avant nous confirment que nous venons de redescendre vers le Sud, et que les nuits blanches sont finies.
En
voyant la vague d’eau poussée par le bateau, et les racines des arbres mises à
nu, penchant dangereusement leur
silhouette, nous ne pouvons pas ne pas penser aux conséquences de ce trafic sur
la stabilité des berges sableuses !
De temps à autre, nous traversons des villages, ou encore des groupes de maisons alignées le long des berges où des enfants se baignent dans les eaux tourbeuses de la rivière.
Certains villages sont austères et laborieux,voire industriels.
d’autres tels Mandrogi sont transformés en villages musées touristiques, permettant cependant de voir certains spécimens de maisons décorées pour le plaisir des yeux.
Au
Nord du lac Ladoga se trouve Kizhi, « pogost » niché sur une des
nombreuses îles qui forment un archipel lacustre unique. Celui-ci, situé dans
la province de Karélie, a été peuplé pendant des siècles par des paysans
libres, par opposition aux serfs du sud russe qui représentaient le statut
majoritaire de la paysannerie russe depuis des siècles. Ils se regroupaient
autour d’enclos paroissiaux (les « pogost »), exerçaient une
démocratie ouverte et participative lors d’assemblées dans la salle commune de
la paroisse, autour des popes de l’église orthodoxe. L’église du hameau
paroissial était en ce temps-là, considérée comme un lieu festif. C'est un joyau de bois, actuellement en réfection.
Le chantier consiste à faire reposer l'église sur un échafaudage, pour changer les poutres qui constituent la base! L'église de ce fait est littéralement posée sur une étagère le temps de la réfection!
Lors de la mise en place par les bolcheviques des systèmes de fermes communautaires, ces paysans connus dans toute la Russie pour leur productivisme, ont opposé une résistance farouche au pouvoir central (à l’opposé des paysans des autres régions de la Russie, jusqu’alors habitués au régime du servage). Ceux qui n’ont pas courbé l’échine, ont été obligés de fuir vers les grandes villes, pour pouvoir survivre, en travaillant notamment comme charpentiers, sans toutefois pouvoir récupérer leurs papiers d’identité confisqués par les autorités. D’autres ont été déportés vers les lointains camps de travail du Nord. Certains aussi n’ont pas eu le temps de fuir et ont été fusillés sur place, comme notamment le pope du pogost de Kizhi, en 1934, comme nous l’a rapporté la guide, native de Kizhi. Sur le site de Kizhi, se trouve une des églises en bois les plus surprenante de Russie.
Le chantier consiste à faire reposer l'église sur un échafaudage, pour changer les poutres qui constituent la base! L'église de ce fait est littéralement posée sur une étagère le temps de la réfection!
La salle commune, ornée de fresques et d'icones |
A Ghizi, les artisans travaillent sans machine! Toutes les poutres, les solives, les portes et les fenêtres, ainsi que les bardeaux en bois incurvés qui recouvrent la toiture sont taillés à la main. Les églises construites sans un seul clou, les assemblages sont fabriqués sur place, principalement à la hache. Il en est de même des bardeaux de bois qu’un artisan aux doigts partiellement amputés fabrique sous nos yeux!
Lors de la mise en place par les bolcheviques des systèmes de fermes communautaires, ces paysans connus dans toute la Russie pour leur productivisme, ont opposé une résistance farouche au pouvoir central (à l’opposé des paysans des autres régions de la Russie, jusqu’alors habitués au régime du servage). Ceux qui n’ont pas courbé l’échine, ont été obligés de fuir vers les grandes villes, pour pouvoir survivre, en travaillant notamment comme charpentiers, sans toutefois pouvoir récupérer leurs papiers d’identité confisqués par les autorités. D’autres ont été déportés vers les lointains camps de travail du Nord. Certains aussi n’ont pas eu le temps de fuir et ont été fusillés sur place, comme notamment le pope du pogost de Kizhi, en 1934, comme nous l’a rapporté la guide, native de Kizhi. Sur le site de Kizhi, se trouve une des églises en bois les plus surprenante de Russie.
Régulièrement aussi, nous longeons des sites industriels ou des ports fluviaux qui attestent de l’intense activité économique liée à cette voie d’eau, essentiellement tournée autour de l’exploitation du bois qui abonde au Nord de la Russie.
De fait, l’activité sur le canal est très intense : tankers-ravitaillleurs, porte containers, pousseurs, barges chargées de billes de bois et … bateaux de croisières.
Un des temps fort de la croisière fluviale est le passage des écluses et des ponts gigantesques qui émaillent le parcours. Chaque écluse fait environ 250 mètres de long, la plupart font 16 mètres de haut et 20 mètres de large.
Elles peuvent contenir dans leur longueur 2 bateaux équivalents au nôtre ! Leur passage se fait en 20 minutes environ, ce qui compte tenu de leur taille et du volume d’eau transféré à chaque passage (40 000 m3 envrion), est remarquablement rapide. Certaines d’entre-elles sont d’une largeur double et permettent ainsi le franchissement consécutif par 4 bateaux. Notre Riquet de Bonrepos toulousain doit se retourner dans sa tombe.
Par endroits, nous voyons les restes des villages engloutis par la création des canaux.
Curieux nous profitons aussi de l’occasion qui nous est donnée de descendre dans les entrailles du bateau, en visitant la salle des machines et le poste de pilotage.
Youpi trop chouette!!
RépondreSupprimerGénial, merci pour cet article ! Content de voir que vous profitez bien de cette pause! Les structures des maisons et des églises me rappellent celles de Norvège !
RépondreSupprimerGrosses bises,
Hugo
On ressent bien votre enthousiasme à l'idée de se la couler douce grâce à ce début d'article plus qu'hubertistique!
RépondreSupprimerEffectivement, les écluses du canal du midi n'ont rien avoir avec leurs confrères russes mais en bonne française chauvine je dois dire qu'elles ont beaucoup plus de charme! En revanche, l'église tout en bois est magnifique, je pense que mon grand père en serait fou. Merci bien pour ces superbes photos.
Gros bisous à vous deux
Cécé
PS: Petit casse tête informatique pour Hubert :tu remarqueras le délai entre la date de votre article et mon commentaire. C'est parce que je ne reçois pas les notifications malgré mon abonnement à votre blog. Je crois qu'Hugo est dans le même cas que moi.