vendredi 17 mai 2013

Une descente dans les entrailles salées de la Pologne

La mine de sel gemme de Wielicska

A une dizaine de kilomètres de Krakow, se trouve  un immense gisement de sel gemme, exploité depuis des siècles. A l’identique des mines de charbons de Lorraine ou de Silésie, le gisement est attaqué par un puits central de quelques 400 mètres de profondeur, que l’on descend par un escalier en bois de 600 marches, puis un ascenseur.
La descente dans le puits, vue de haut

L'exploitation du gisement de sel gemme s'est poursuivie sans interruption depuis le XIIIe jusqu'à la fin du XXe siècle. L’excavation dans ces salines est à grande échelle : 
- couloirs, galeries étayées par des rondins de bois

salles et lacs souterrains constituent un réseau de plus de 200 km, s'étageant sur 9 niveaux, entre 57 et 198 mètres de profondeur. Le plafond des salles est "éclairé" par des chandelles de sel et des "choux fleurs" de sel


Les chandelles de sel












Les "choux fleurs" de sel

















La température est d'environ 14°C à 16°C. Ces mines abritent une grande collection d'œuvres d'art: fresques taillées dans le sel
Joseph, Marie et l'enfant Jesus















chapelles, autels et  statues






taillées dans les blocs de sel gemme. 









Chaque salle porte un nom. La première est la salle dédiée à Nicolas Copernic,






Les mineurs, à la recherche de nouveaux gisements de sel, étaient obligés de creuser de longs couloirs et d'immenses excavation pour descendre le bois dans la mine.
 Pour éviter que ces couloirs ne s'éffondrent, ils les renforçaient avec des troncs d'arbres provenant de la région de Cracovie, mais au aussi du Nord de la Pologne. Le micro-climat qui règne dans la mine ainsi que le sel les ont conservés et les ont rendu aussi durs que de la pierre.






Origine de la mine de sel: il y a environ 13 millions d'années, le sud de la Pologne était recouvert par une mer. Le climat y était chaud, l'eau en s'évaporant forma des dépôts de sel dont l’épaisseur fait plusieurs centaines de mètres. Au début, pour assurer le transport du sel à l'intérieur de la mine, les mineurs le mettait dans des sacs à dos qu'ils portaient eux-mêmes, puis ils utilisèrent de petits chariots. Par la suite, des chevaux furent utilisés avec succès pour assurer cette tâche.


 La mine de Wieliczka était un gigantesque chantier sous-terrain, avec de grandes écuries pour tous les chevaux qui y étaient employés et où on leur stockait d'immenses quantités de nourriture. Le chevaux descendaient dans la mine pour une durée de 7 ans. Pendant cette période ils ne remontaient jamais à la surface. Après 7 années de travail dans la mine, ils étaient remontés à l'air libre où ils avaient droit une retraite bien méritée. Il était strictement interdit de tuer ou de maltraiter des chevaux qui avait servi dans la mine. Le dernier cheval en service dans la mine l'a quittée trés récemment, en 2002.
Aujourd'hui, le transport à l'intérieur de la mine est assuré par ce type de petits trains, bien plus pratiques.
Les hommes qui travaillent à l'intérieur de la mine était toujours bien traités, et considérés comme des privilégiés. Le travail y était très dangereux, mais également très bien rémunéré.
Paradoxalement, c'est précisément à cause de ces incendies qu'est née à Wieliczka la tradition de sculpter dans le sel. En effet, après un incendie survenu dans une des chapelles de la mine en 1697, une comission décida d'interdir la présence de matériaux inflammables dans les chapelles. Pour se plier à cette contrainte les mineurs commencèrent alors à sculpter leurs chapelles dans le sel.

Un des éléments qui rendait le travail dangereux était la forte concentration de méthane qui pouvait parfois provoquer des explosions ou des incendies, dont certains particulièrement longs, comme celui de 1644 qui dura 8 mois. Pour éviter cela, certains des mineurs les plus expérimentés, que l'on appelait les pénitents, s'enveloppaient d'habits humides et rentraient dans les salles de la mine en rampant, munis de longues perches au bout desquelles se trouvaient des torchons enflammés. Ils essayaient ansi de trouver les poches de méthane afin de provoquer des explosions contrôlées, le méthane étant plus léger que l'air, ces poches se trouvaient toujours en haut de chaque salle. Ce n'est qu'après avoir "nettoyé" une salle de cette façon que les autres mineurs pouvaient y rentrer. Ce travail était particulièrement risqué mais également l'un des mieux rémunérés.
La présence d'eau au fond de la mine elle aussi constituait, et constitue encore aujourd'hui un grand danger pour la mine. En s'infiltrant partout elle diluait le sel et pouvait provoquer des effondrements de couloirs entiers. 


Aujourd'hui encore il existe des dispositifs mis en place pour évacuer cette eau en surface. Une fois en surface, cette eau, appelée en Polonais solanka, fortement concentrée en sel est évaporée et le sel qu'elle contient utilisé. La concentration en sel y est telle qu'aucun poisson ne peut y vivre et il est également impossible de s'y noyer.
Au cours des siècles, les mineurs se sont aménagés de petites chapelles pour se recueillir dont la chapelle Saint-Croix, Kaplica Świętego Krzyża, qui date de la moitié du XIXème siècle.

A 101 mètres de profondeur, se trouve la chapelle de Sainte Kinga, 


grande église souterraine dont tous les éléments sont en sel, aussi bien les bas-reliefs qui ornent les murs, que les dalles au sol ou les lustres au plafond. Elle est l'oeuvre de 3 mineurs autodidactes qui travaillèrent là de 1896 à 1935. La messe y est célébrée plusieurs fois par an, toujours pour de très grandes occasions, et il est également possible de s'y marier.

2 commentaires:

  1. Super, vos récits sont intéressants - enrichissants et donnent envie de vous suivre...
    On attend avec impatience la suite !
    L'équipe du Medes

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  2. Nous avons affiché dans la classe une carte du monde qui nous permet de vous suivre "pas à pas" au gré de vos déplacements. Merci pour les mails. Un grand bonjour de la part de toute la classe. Bon vent.

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