mercredi 27 novembre 2013

De Sapa à la frontière du Laos


De Sapa à la frontière du Laos


Résumé cyclo-pédalistique (kilomètres parcourus: 18682 km; kilomètres pédalés: 4247 km; collecte pour Handichiens: 1275 €, soit 2 oreilles du chien, le museau et une belle paire de moustaches! (Objectif : 15000 euros)




11/11:…..de Bac Ha vers Lao Cai et Sapa


Comme chaque jour, réveil à l‘aube avec les ablutions bruyantes des voisins, le chant des coqs, et le bruit saccadé des hachoirs débitant viande et légumes du petit déjeuner. Aucun signe à l’endroit où nous sommes du typhon Hayian, dont la famille et les amis s’inquiètent pour nous. Nous avons une pensée émue et inquiète pour les victimes et les amies phillipaines rencontrées sur le bateau à Ha Long. Très vite, les 40 kilomètres jusqu’à Lao Cai sont franchis, après une petite halte mécanique qui nous oblige à démonter complétement le pédalier qui commence à prendre du jeu.






 Nous entassons le tandem, dans un mini-bus avec quelques passagers locaux et des dizaines de rouleaux de papiers hygiéniques ! 

Pas le moment de souffler, l’affaire est conclue, et nous grimpons sans peine et avec délice (fainéants que nous sommes !), les quelques dizaines de kilomètres très raides qui nous mènent à Sapa, petite ville très touristique (un vrai « petit Chamonix vietnamien !), mais relativement tranquille à cette époque de l’année. 














Auberge paisible face à la montagne.

Plusieurs minorités vivent dans cette région : H’Mong « Noirs », Dao, Zay, Tai (aux maisons sur pilotis et grandes fenêtres), Xa Pho, Ha Ni (maisons en terre et toits de paille), et Kinh. A cette époque de l'année, où la récolte est finie ,ces populations vivent essentiellement du tourisme, (dans ces montagnes, une seule récolte par an est faite, contrairement à d'autres régions du Vietnam plus riches où 2 voire 3 récoltes par an peuvent être réalisées). Ce qui nous vaut de voir des grappes colorées de femmes s'accrocher à nous en essayant d'échanger quelques mots d'anglais ou de français, et de nous vendre des objets artisanaux. Il nous faudra quelques temps pour intégrer ce comportement, et échanger quelques mots. Grande réflexion sur le tourisme "minoritaire" ou "ethnique" et sur son importance (nécessaire) dans l'économie locale,mais aussi sur la manière de le gérer pour éviter que ces populations ne perdent leur âme. 



















Belle rencontre, « improbable », avec le jeune directeur de l’office du tourisme de Sapa, que nous aidons à rédiger son dossier d’admission au Master de … droit français, ce qui nous vaut une belle soirée, avec ses amis, qui nous hébergent. Repas très varié et copieux arrosé généreusement de l’inévitable alcool de riz, joyeusement ponctué des « Chuc Suc Choe » à chaque rasade. 
  

12/11:…..Sapa


Au début du 20ème siècle, Sapa fut convertie par les colons français en ville de villégiature et en sanatorium d’altitude. Ballade dans les rizières en compagnie de notre grappe de vendeuses portant parfois leur bébé avec elles!







Les sommets sont embrumés, villages et fermes ne sont accessibles que par des sentiers étroits et escarpés, bien souvent glissants à cause de l’humidité ambiante. Plusieurs minorités occupent ces zones de montagnes. (Mal) habitués aux touristes, les femmes et enfants s’accrochent aux groupes de touristes tout au long de la randonnée, et leur proposent leur artisanat. La saison d’hiver fait effectivement partie des 7 mois, où l’activité agricole est quasiment inexistante, car il n’y a ici qu’une seule récolte annuelle de riz. Femmes et enfants n’ont d’autres choix que de fabriquer des objets artisanaux (broderies, vannerie), pour les vendre aux touristes. Alors qu’à Bac Hal, l’ethnie majoritaire, est celle des H’Mong à fleurs, aux tenues colorées à dominante orange, ici les H’Mong Noirs, portant une tenue indigo, dominent.

Notre guide nous confirme que les carences alimentaires, les conditions sanitaires et l’impureté de l’eau entraînent chez les enfants des minorités notamment des problèmes de santé et une mortalité supérieurs à la moyenne. Bien que l’école soit gratuite, de nombreux enfants restent à la ferme pour aider aux travaux  (garder bébés et .. troupeaux, ramasser du bois et menus travaux agricoles….)


13/11:…..Sapa


« Purée de pois » toute la journée. 

Sylvie ne regrette pas d’avoir gardé la polaire. Il est vrai que nous sommes à environ 1500 mètres d’altitude. Nous faisons nos adieux à Quoac, directeur de l’office du tourisme qui nous invite à partager le thé vietnamien et …..nous le retrouvons de nouveau dans la classe de français où, assidu, il fait partie des élèves du programme de formation. Nous flanons dans les rues, prenant notre temps pour saisir tous les instants de la vie quotidienne de cette petite ville perdue dans les nuages.





  










Le marché, en cette fin de journée, commence à fermer.  Les petits vers vont pouvoir passer une nuit supplémentaire avant d'être grillés tout crus!
 D'autres étals proposent de la nourriture et des tissus chamarés.



























Nous surprenons un couple de personnes très âgées, laissées pour compte du développement touristique local,  qui tente de récupérer quelques "restes" du marché qui vient de fermer avant la nuit. Ils repartiront dans le brouillard, après une mince récolte.



 




 













Visite rapide du musée des minorités, et nous voilà invités de nouveau à partager le diner avec la famille qui tient l’auberge où nous avons séjourné. Discussion géo-politique pendant laquelle nous découvrons certains enjeux de cette zone du monde où la Chine et la Russie affirment de plus en plus leur présence. La Chine vient d'ailleurs "d'annexer" plusieurs îles au large des côtes du Vietnam, ainsi que des îles au large des Philippines.


14/11:…..de Sapa à Lai Chau


15 kilomètres en minibus vers le col au dessus de Sapa, brouillard très humide et froid. Au col, les petites boutiques s'ouvrent, les vendeurs encore engourdis du froid de la nuit, installent leurs étals.














Très belle descente de 20 km avec le vélo, dans un paysage sauvage de montagne couronné de montagnes (pour la première fois que nous roulons au Vietnam) : pas un seule maison, pas un seul village.
















Magnifique !.... avant d’aborder des pentes redoutables pour nous à 10%, et qui n’en finissent pas. C’est ici le pays de la minorité Tai, aux costumes sombres agrémentés de rubans multicolores et certaines femmes portent une coiffe haute et ronde, composée de grosses épingles qui évoquent des antennes ou des haut parleurs ! Curieux….


 Une scéne souvent observée et analysée, et qui caractérise l'organisation méthodique et scientifique du travail dans les pays que nous traversons:
- assis, l'homme réfléchit en fumant, et parfois ferme les yeux. Il a l'air de dormir, mais en fait, il pense
- debout, l'outl à la main,les femmes exécutent et mettent en application les propositions mûrement réfléchies par l'homme, en bavardant comme des pies


 
Une maison de la minorité Tai








Arrivés à l’entrée de Lai Chau (petite ville plutôt sinistre et peu accueillante), la pédale achetée d’occasion à Sapa, pour remplacer celle d’origine qui avait cédé, nous lâche à son tour. On finit donc à pied jusqu’au premier hôtel après une tentative de réparation chez Honda !, on se met en quête d’un jeu de pédales neuves.


"LE magasin de vélo"

 Surprise de constater que le vélo qui était le moyen de déplacement privilégié des vietnamiens pendant de longues années, a perdu ses lettres de noblesse au profit de la moto. Après plusieurs tentatives, nous finissons par trouver notre bonheur, et le marchand nous fait même grimper sur sa moto pour nous amener dans un petit restaurant local. 


Diner, du classique riz/légumes verts (type épinards)/viande en sauce et quelques nems enroulés dans une feuille de bananier.










15/11:…..de Lai Chau à Muong Cha


Nous affrontons de nouveau de « belles côtes » à 8 et 10%, dans un paysage volcanique et karstique, luxuriant et montagneux où quelques pauvres petites maisonnettes s’accrochent à la pente. 





















Un petit marché dans un village sur la route propose toutes sortes de tubercules (patates, gingembre….), fleurs de bananiers, petits oignons, papayes, navets et …. rat fumé !




















 La descente, vertigineuse, nous fait regagner une température plus clémente, une végétation tropicale et le cours d’une belle rivière. Quelques kilomètres après la petite ville de Phong Tho, la route se faufile dans une gorge et longe une jolie rivière. Des travaux de grandes envergure rendent pour nous la route impraticable, et nous obligent à trouver un véhicule, ceux-ci se font rares ! 








Sylv, qui n'a pas les 2 pieds dans la même chaussure, en profite pour écrire le journal, en attendant un hypothétique bus


Une demie heure d’attente et le tandem est hissé sur le toit du bus local qui fait la liaison sur Dien Bien (nous avons auparavant tenté d’arraisonner un véhicule de police, mais sans succès, les fonctionnaires de police ayant refusé d’embarquer notre Camel Bike !). A ce moment, nous pensons à Marcel, qui va passer par là dans quelques jours.





La route, étroite, transformée en un immense chantier, longe de façon souvent vertigineuse la rivière, grimpe dans la montagne, et traverse de très pauvres villages poussiéreux. 50 kilomètres en trois heures, avant de retrouver une mauvaise route asphaltée, qui continue à grimper jusqu’à un col d’où nous redescendons pour atteindre Muong Cha. Notre matériel récupéré, nous nous installons dans le Ngha Nghi (auberge chez l’habitant) du village, et nous dinons d’une fondue vietnamienne (bouillon dans lequel ont cuit au fur et à mesure petits champignons, coquillages, poulet, bœuf, verdure en tout genre, et les pâtes sont ajoutées tout à la fin). On essaie de s’endormir, alors que le karaoké bat son plein chez les voisins comme si ils étaient dans notre chambre. Merci Monsieur Quies !


16/11:…..de Muong Cha à Dien Bien


Un très beau début d’étape bucolique le long d’une rivière.




 Alternent pauvres petites maisons fragiles, et maisons sur pilotis plus solides. Les conditions de vie, comme plus haut dans la montagne sont précaires, et pour la deuxième fois nous voyons des petits enfants tout nus.

Concours de beauté

 L’accueil est malgré tout chaleureux.. et nous nous retrouvons attablés avec une famille qui nous offre riz et petits poissons aux herbes en guise de déjeuner au lieu des quelques bananes que nous avions prévues. Les enfants de la maisonnée sont  malicieux, et quelque uns nous escortent alors que nous reprenons la route, qui, très vite, se redresse de nouveau très sérieusement dans un paysage montagneux sauvage. 

Petite « poussette » nécessaire (il y avait bien longtemps !), pour passer une épingle à cheveux redoutable et l’arrivée au col nous permet de descendre rapidement dans la cuvette de Dien Bien.




















Rencontre au petit « fast-food » local, de Hieu, jeune vietnamien de douze ans, qui vient à notre table taper la causette pour exercer son anglais ! et nous nous retrouvons chez lui, invité par sa maman et son grand-père, pour discuter par son entremise, et déguster fruits et gâteaux.






17 et 18/11:….. Dien Bien


Hieu nous sert de guide dans la ville, que nous sillonnons en vélo avec lui, son oncle et d’autres enfants. 















Le musée historique de Dien Bien et la forteresse A1, dernier bastion des Français. Symbole émouvant de la réconciliation, de la Paix et de l’Amitié entre les deux peuples de ces visites en compagnie de ces enfants vietnamiens, qui apprennent que leur liberté a trouvé ses racines dans les différentes guerres qui ont semé le chaos dans ce pays écartelé durant des années entre les intérêts des "grands".





 La ville, quant à elle, qui s’apprête à célébrer le 60éme anniversaire de cette bataille, ne présente guère d’intérêt. 











Nous sommes conviés à déjeuner avec toute la famille et les amis du club cycliste de Dien Bien et nous devons une fois encore trinquer en buvant l’alcool de riz (non sans avoir fait essayer le tandem à presque toute la famille).



Lors du dîner du soir dans une petite gargote,  nous prenons conscience qu’il nous devient maintenant difficile de nous régaler du plat de riz ou de nouilles quotidiennes, tout en faisant abstraction des résidus de repas que chacun jette sous la table, et des conditions dans lesquelles sont élaborés les repas. Peut-être le signe d’un peu de fatigue et de lassitude ? De même qu’au Ngha Nghi, lorsque nous prenons un bain de pieds en nous lavant les mains, le lavabo étant dépourvu d’évacuation ! Au moins chats et chiens (et autres petits mammifères), se régalent des restes et la toilette et plus rapidement faîte ! (2 en 1, pour le même prix).   
Nous finissons par visiter les rues et le marché de Dien Bien.





 














 19/11:….. Dien Bien à Muong Khua au Laos


Levés à l’aube pour prendre le bus et tenter de négocier sans aucun succès le prix du transport du tandem sur le bus.  On nous demande le double du prix habituel ! Le très fort dénivelé nous a découragés, nous faisons de jour, le trajet … dans un bus couchette (ceux que l’on voit si souvent nous doubler à force de coup de klaxons, et qui, soit dit en passant sont fort peu confortables car on ne peut y voyager que couchés !).


Nous passons les deux frontières sans problèmes. La route, de chaque côté de la frontière, est aérienne, très pentue, et griffe les flancs abruptes et luxuriants des montagnes qui parfois s’éboulent. 



A aucun moment nous ne regrettons de n’avoi
r pas fait l’étape à vélo. Quelques maisons fragiles en bois sont accrochées à la montagne, et on peut imaginer aisément combien la vie y est difficile. Les maisons du petit village de Mong Khoua s’étalent des deux côtés des hautes rives de la rivière Nam Ou, reliées par une passerelle suspendue. 







De petits bateaux à moteurs, colorés et fins sillonnent son cours. Plusieurs styles de maisons : quelques-unes en béton, aux intérieurs carrelés, mais la plupart sont plus modestes, parfois sur pilotis, en palmes tressées, ou en bois. 









De petits jardins potagers tapissent les rives. Les femmes,ici, portent des jupes droites et mi-longues, brodées dans le bas, et transportent les enfants dans une grande écharpe en travers, croisée sur le devant. Tout le monde nous salue par des « Sa Bai Dee » aimables qui remplacent les « hellos » ou les « Sin Ciao » des Vietnamiens. De grands panneaux rappellent que dans cette région, la drogue circule entre les frontières parfois un peu perméables, et mettent en garde la population sur l'usage de matières déclarées illicites ici (emprisonnement à vie dans certains cas).




La petite ville est tranquille, et la pluie tape allégrement sur les tôles des toits. 












4 commentaires:

  1. Merci pour ces belles photos dont ma collègue de bureau thaïlandaise raffole (elle les utilisent pour son fond d'écran!). Plein de gros bisous et à très bientôt!
    Hug

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  2. Bonjour,
    Nous n'avons pas cessé de vous suivre et de penser à vous! Nous profitons de tous vos longs récits pour apprendre plein de choses! Seulement, vous allez trop vite ;),...nous sommes encore en train de travailler sur le Vietnam...et de découvrir les noms des fruits exotiques...Merci de continuer à nous faire rêver, plein de bisous
    Les CE1 de Dottin

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  3. Toujours aussi beau et plein de rencontres...
    Merci
    Nicolas

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  4. Moi je pense que je vais mettre en fond d'écran le concours de beauté (où Mam est la plus belle avec son casque...)

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