Résumé cyclo-pédalistique (kilomètres parcourus: 25234 km; kilomètres pédalés:
7820km; collecte pour Handichiens: 2115
€, soit la tête complète ! Le chien commence à prendre du poil de la bête.
Les 4 gigots sont à vendre ! (Objectif : 15000 euros, soit la formation complète d’un chien accompagnant)
11 au 13/02:…..de l’île de la Soie à Phnom Penh
Après passage d'un des ponts qui relie l'île de la soie, visite de la petite entreprise communautaire de soie où travaillent une
dizaine de femmes. Sylv s'essaie à l'ouvrage!
Divers états du cocon, avant le filage |
Divers états du cocon, avant le filage |
Divers états du cocon, avant le filage |
Le ferry nous dépose ensuite au centre de Phnom Penh, ainsi qu'une cargaison de Touk-touk bien chargés.
Le passage du pont s’avère très délicat et il nous faut faire œuvre de dextérité
pour maintenir le cap sur le trottoir alors que nous sommes doublés, comme
d’hab’, par la droite et la gauche par des motos, et nous arrivons sans
encombre à la guest-house.
Fondée à la suite du déclin d’Angkor, sur les rives du Tonlé, la ville
de Phnom Penh compte aujourd’hui environ 1,5 millions d’habitants, après avoir été
vidée entièrement de ses habitants entre 1975 et 1979 par les Khmers Rouges. La
prise de pouvoir des Khmers Rouges a laissé la ville exsangue, vidée d’une
grande partie de ses habitants (estimation 90 %), condamnés aux travaux forcés
dans les champs. On imagine mal où la folie des hommes est parvenue ici,
entraînant un pays entier dans une folie fratricide paranoïaque, époque où tuer
l’Autre était souvent la seule voie pour se préserver soi-même. Le seul fait de
porter des lunettes, ou d’avoir les mains blanches suffisait comme motif pour
être déportés, voir torturés puis exécutés à l’arme blanche (« pour
économiser les balles »), dans la banlieue de Phnom Penh dans les
sinistres « killing fields » par des fanatiques souvent illétrés,
fanatisés par des cadres……La barbarie des champs de la mort n’était pas le seul
fléau qui accabla les cambodgiens, la famine achevant de finir l’œuvre de
destruction des Khmers Rouges.
Avec ses larges artères et ses rives fluviales, la ville est pleine de
contrastes : de grandes et larges allées fleuries bordées de bâtiments
modernes, d’anciennes demeures coloniales rénovées des restaurants et bars,
mais aussi des rues et venelles étroites et sombres abritant des échoppes et
commerces multiples. Ici peut-être plus que dans les autres grandes villes du
Sud Est asiatique, l’Europe et l’Asie se côtoient.
La circulation,
essentiellement sur le front de mer, est variable, et dépend du moment de la
journée. Elle est malgré tout un peu folle, mais rien à voir toutefois avec
Hanoi ou Oulan Baatar.
Le principe est toujours le même, depuis que
nous roulons dans ce continent : Prévenir (« je vais tout
droit » ; « je vais à gauche », « je vais à
droite » ; « je m’arrête »), MAIS n’anticiper AUCUN
scénario (« si je tourne, alors il va faire ça », « si je
m’arrête alors il peut m’arriver ceci ou cela»). Mais en aucun cas, ne tourner
la tête, voir pire regarder derrière ! Les rétroviseurs des motos servent
essentiellement à l’arrêt pour faire des soins de peau sur le visage ! Les
gens d’ici ont la formidable qualité de ne pas anticiper ce qui
« pourrait » arriver, ils semblent agir « dans » le
présent, sur l’instant, sans s’encombrer de multiples possibles complétement
inutiles, tant qu’ils ne se sont pas réalisés!
Les Touk-Touk sont omniprésents et nous proposent sans cesse leurs services. Un modèle "new-look" a fait son apparition. Doté de tout le confort, il propose même la musique à bord et ...la wifi, pour les acharnés du l'Intereunnette!
Nous voyons ici apparaître de bons vieux cyclo-pousses plus débonnaires, alors
que les rues sont aussi parcourues par de grosses berlines et des 4X4. Sur le trottoir, un réparateur fait même de la vulcanisation à chaud avec un moyen de fortune. Il refait à neuf un pneu de Touk-Touk en piteux état.
Ce qui
montre que la vie n’est pas difficile pour tout le monde ! La misère
encore plus qu’à la campagne a pignon sur rue, et s’affiche. Beaucoup de
mendiants, d’enfants voire des familles entières sont installés dans la rue
pour y « vivre » et y dormir. Nombre
d’entre eux ont été « expropriés » de quartiers fortement convoités
par des promoteurs avides de spéculation immobilière, due notamment à la
poussée démographique et à la modernisation de la capitale. Leurs habitants,
souvent des familles pauvres, dépourvus de titres de propriété, sont bien incapables
de se défendre.
Ici, les enfants pauvres qui dorment dans la rue se lavent aux jets d'eau des jardins publics |
Des grandes affiches proposent insolemment le rêve au peuple de la rue! |
La collecte des bouteilles en plastique procure de maigres revenus aux gens des rues |
Un arbre et une palissade, pour suspendre un hamac: ils sont nombreux, jeunes ou vieux, femmes ou hommes à dormir ainsi |
L’afflux touristique
attire aussi tous les démons du Cambodge sur ses berges : pickpockets, mendiants,
prostituées… Nous croisons aussi des femmes en haillons portant des bébés sous
alimentés, ou encore adultes amputés, probablement suite à l’explosion de
mines, circulant sur de petits fauteuils roulants très sommaires, tendant la
main à la sortie des musées et dans la rue. De nombreuses O.N.G œuvrent
ici pour venir en aide à toute cette population. Des campagnes d’affichage sont
menées qui prônent la protection de l’enfance. Cette situation tragique est
malheureusement aussi exploitée par des escrocs, professionnels de l’arnaque, qui en appellent
à la corde sensible des touristes. Des livres écrits par certaines des victimes sorties par miracle de ces réseaux, sont de terribles témoignages, qui mettent en lumière les méthodes utilisées pour substituer à leur famille des enfants souvent âgés de 5 ou 6 ans pour les injecter dans des réseaux de prostittution dont les ramifications sont innombrables.
L'O.N.G FRIENDS notamment a mis en place une école et un centre de formation qui récupère tous les jours les enfants dans la rue et leur dispense divers cours et formation professionnelle, dans les domaines de l'hôtellerie notamment.
Le nouvel An Chinois bat son plein dans la communauté chinoise mais aussi chez les Cambodgiens. Nous allons alors assister à un étrange rituel, dans le temple de Phonm Penh. Mélange de pratique bouddhiste et animiste, il met en oeuvre des danses et des gestes de mutilation assez impressionnants. La langue percée par une flèche, un ascète imprègne de sa langue sanglante de petits papiers, qui seront ensuite brûlés par les dévots. Un autre, se taillade la langue à l'aide d'un sabre coupant comme un lame de rasoir et en fait de même, le tout au son grave des tambours. Des victuailles sont ensuite offertes aux divers divinités du temple.
Phnom Penh c’est aussi le très émouvant musée de Tuol Sleng, plus
sinistrement connu sous le nom de « prison S 21 » installée dans une
école par les Khmers Rouges, où furent torturés, emprisonnés et exécutés des
milliers de cambodgiens (environ 20000 personnes, individus ou familles
entières).
Une cellule de torture |
Cellules d'emprisonnement |
Un collège, lieu de savoir transformé en centre d'extermination systèmatique! |
Au début de la période, les victimes étaient choisies parmi les opposants,
les ennemis de classe, et les partisans des gouvernements précédents, notamment
fonctionnaires et militaires. Par la suite, le régime de Pol Pot a basculé dans une paranoïa sans limite. Le régime a « intégré » ensuite ses propres cadres dans cette épuration. A quelques kilomètres
de Phnom Penh, dans les « killing fields », de nombreuses
« pensionnaires de la prison », ont été exécutés sommairement, à l’arme
blanche, pour éviter de « gaspiller des munitions » . Les procès qui
ont été ouverts dans les années 2000, ont vu
comparaître quelques-uns de leurs chefs dans un procés hautement sensible. De
nombreux anciens Khmers Rouges, auteurs de crimes atroces, vivent paisiblement
à tous les échelons de la société cambodgienne dont l’actuel premier ministre,
revenu du Vietnam avec les troupes vietnamiennes de
« libération ».L'Homme, ce Loup pour l'Homme tirera-t-il un jour les leçons de l'Histoire. A se pencher sur ce qui s'est passé ici, qui a été documenté, on pourrait en douter. Puisse l'avenir nous faire mentir....
Le soir, après avoir erré dans les rues de la ville pour évacuer les émotions ressenties, nous dinons dans un restaurant école de l’association Friends. Le restaurant est
tenu par des enfants sortis de la rue par l'association. Le lieu est magnifique,
installé dans une ancienne maison coloniale dotée d’un très beau jardin.
Chaque
matin nous observons de notre fenêtre le manège des singes de la pagode voisine
qui gambadent et batifolent, jouant sur les toits de tôles, s'épouillant ou jouant au manège sur un ventilateur de toit!
.
.
Le musée national abrite une collection très intéressante de statues et objets provenant des temples d’Angkor, le palais royal et la pagode d’argent.
Il côtoie le marché central à l’architecture originale, en tripode.
Un agréable spectacle folklorique figurant des scènes de la vie quotidienne des Khmers et de certaines minorités clôture notre journée.
Le Singe Anuman |
Une Apsara, danseuse céleste |
La jeune troupe tente avec d’autres artistes dans d’autres domaines de faire revivre la culture khmère mise à mal pendant les décennies de guerre, toutes les formes d'expression artistique ayant alors été violemment éradiquées par la barbarie du régime des Khmers Rouges.
Nous ne pourrons pas quitter Phnom sans passer au marché
La culture française st bien représentée à l'étranger !! |
C’est le soir que Phnom Penh montre son visage contrasté :
terrasses de bars et restaurants animées, occupées par les citadins, les
touristes, trottoirs où mendiants s’installent pour la nuit. La misère à la
ville est encore plus insoutenable qu’à
la campagne. Et encore, nous ne verrons qu’un coin du voile levé, certains
quartiers de Phnom Penh étant connus pour être des lieux de débauche, où
s’exercent des activités dénoncées depuis longtemps par les associations de défense
des enfants, des femmes et des droits de l'homme en général. L’industrie du sexe sévit
lourdement au Cambodge, les efforts entrepris pour combattre ce fléau visent
surtout les pédophiles occidentaux mais il semble que la moitié au moins de ces
pédophiles, des asiatiques, et plus particulièrement des cambodgiens passent
entre les mailles du filet.
Par-dessus tout, ce qui nous fascine et nous marquera probablement longtemps, c’est la formidable capacité qu’ont les Cambodgiens, à assumer leur terrible histoire avec dérision et sourire, humour. Leur force d’esprit, leur apparente joie de vivre, tout en vivant un présent peu enviable pour beaucoup d’entre eux, est remarquable. Nous plaisantons souvent chacun dans notre langue, par gestes ou pantomime, plaisanterie inéluctablement suivie par de grands éclats de rire partagés.
A Phnom Penh, les enfants arrachent quelques malheureux riels au péril de leur vie, dans les décharges publiques (photo empruntée) |
Par-dessus tout, ce qui nous fascine et nous marquera probablement longtemps, c’est la formidable capacité qu’ont les Cambodgiens, à assumer leur terrible histoire avec dérision et sourire, humour. Leur force d’esprit, leur apparente joie de vivre, tout en vivant un présent peu enviable pour beaucoup d’entre eux, est remarquable. Nous plaisantons souvent chacun dans notre langue, par gestes ou pantomime, plaisanterie inéluctablement suivie par de grands éclats de rire partagés.
Pour les Cambodgiens, il faut toujours une happy end,
quoiqu’il arrive !
Nous cherchons à creuser à travers son histoire passée et présente ce
qui est pour nous une énigme pleine d’enseignements …….
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Laissez nous vos commentaires, ils nous sont très utiles pour faire vivre le blog